Carnet de route

La journée de l'effroi de la Dame : « Ô grand Père, on désencombre ? »

Sortie :  Grand perron des Encombres 2825m du 08/03/2020

Le 08/03/2020 par Lambert Pierre

En effet, il est légitime de se demander si ce huit mars  était bien l’occasion de célébrer notre prise de conscience de l’inégalité hommes-femmes. Notre groupe était entièrement masculin : Philippe, Jean-Michel et Michel Genadayran, Sébastien, Peter, Michel Bonencadran, Pierre et Pierre clairsemant ces roches enneigées.

Notre pensée était moins sélective mais le verbe pas toujours équitable.

L’objectif ou plutôt la finalité de cette sortie était visible depuis Beaune. Un long parcours peu rentable constituait une première phase pendant laquelle on pouvait laisser l’esprit vagabonder. On pouvait avoir un air en tête, ah non, une mélodie ! D’accord, on parle de concerts mais il s’agit d’écouter des œuvres, pas des morceaux. Et de toute façon, nous sommes en montagne, pas seulement dans un massif. Et nous utilisons des p(r)otectrices pour progresser pendant l’Ascension, au diable les skis, parlons plutôt des planches. Cessons là tout mépris, célébrons l’harmonie, la tolérance…bref, les locutions féminines.

Ne dit-on d’ailleurs pas « chassez le naturel… ». Ce ne sont pas ces quelques allusions qui vont rattraper tout ce retard.

La révélation des Aiguilles d’Arves et de la Meije est cependant assez rapide et c’est une merveille ; la météo (désolé, c’est moins chic que le temps mais on avait promis…) est excellente, la vue superbe et lointaine.

Il nous faut à nouveau renoncer à gagner de l’altitude pour contourner le ruisseau du vallon par une grande traversée à flanc de montagne qui nous mène en contrebas du col des encombres.

La progression devient rapidement plus difficile lorsqu’il s’agit de contourner un éperon en forme de pince de crabe, superbe sculpture sur fond de ciel bleu. Il a neigé sans doute la veille et on se demande si on ne va pas faire partir une plaque. Philippe se ravise après avoir entamé un trajet nord, installe les couteaux en pleine pente. Jean-Michel et le fring(e)ant Michel décident eux une montée directe à pieds, plutôt exigeante pendant que le reste du groupe profite de ces avertissements en faisant un petit détour par le sud. Ce qui est décevant, c’est qu’aucun des quatre points cardinaux n’a de consonance féminine.

Il est ensuite plus facile de rejoindre le bas de l’épaule du sommet où nous sommes alors rejoints par un petit groupe parti des Menuires, qui a au moins deux défauts, absence de gente féminine et propos du style :

« alors les anciens… », que l’on pourrait entendre comme :

« Ô grand Père, on désencombre ? » c’était pas mal comme seul titre mais on était le huit mars, j’ai cru l’enrichir et bien faire.

Non mais vous les avez vu ces jeunes impertinents, nous narguer alors qu'ils ont eu la chance de pouvoir commencer  le ski de rando dès leur plus jeune âge. Rendez vous dans vingt ou trente ans ? Si le ski de rando existe encore…

Peu importe, c’est Jean-Michel qui ouvre la voie finale et il a du mérite car la pente est forte et la neige a les mêmes défauts que précédemment. Les conversions sont plus exigeantes puis le parcours final est plus débonnaire mais avec une corniche au sommet qui pourrait bien nous piéger.

Vue à 360 degrés, c’est superbe : le Mont Blanc bien sûr, le grand Combin, la grande Casse, les aiguilles de Péclet et Polset (encore faut-il les distinguer quand on ne les connaît pas) et toujours ce panorama merveilleux : l’Oisans avec la Meije, les Ecrins en distinguant parfaitement le Pelvoux cette fois-ci et son joli glacier des violettes, la pointe des Cerces et sans doute la pointe de Charbonnel, la grande Chible (où est la pointe d’Emy ?) et bien sûr, les aiguilles d’Arves.

Les compères s’offrent une descente en face nord pendant que nous profitons d’une neige imparfaite le plus souvent mais  qui nous mène à une superbe salle à manger vers 2200 mètres d’altitude. On aperçoit dans l’enfilade du col de la Ponsonnière ce que nous croyons être l’aiguillette du Lauzet, et c’est reparti pour une nouvelle discussion d’initiés. En regardant la vieille carte IGN sur papier lors de la rédaction de ce récit, il s’agit en fait d’un sommet situé un peu plus au Nord, la pointe des rateaux (l’éclat de ceux de la Meije nous éblouit sans doute). On regrette presque de repartir mais ce retour à l’urbanisme est atténué par une sympathique pause au Shantoné, agréable gîte d’étape tenu par un couple accueillant.

Si nous avons manqué la journée des droits de la femme, nous rattraperons nous si était créée une journée des droits des transgenres ? Il ne faut y percevoir aucune ironie, aucun mépris, simplement une ouverture d’esprit…comme au CAF.

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