Carnet de route
Les carres et lisse sur la pointe d'Emy
Sortie : POINTE EMY 2797 m du 23/03/2019
Le 23/03/2019 par Lambert Pierre
La pointe d’Emy, selon la désignation du site skitour.fr.
L’itinéraire routier de cette sortie mentionnait Chambéry, St Jean de Maurienne,les karellis, Albanne.
Les karellis, voilà un nom bien curieux en Savoie. C’est avec wikipédia et non le site internet de la commune que j’ai pu progresser sur le plan étymologique.
Les communes de Montricher et d’Albanne ont fusionné en 1970 pour créer cette station des « karellis ».
L’origine du nom de la station provient du patois montrichelain « Karèle ». La Karèle, c’est une herbe lisse et longue qui pousse sur les alpages des versants ensoleillés de la commune. Autrefois, les bergers avaient comme passe-temps de glisser sur ces herbes à l’aide d’une planche ou d’un manteau. Attribuer ainsi un nom de station de ski confère une connotation historique pertinente qui ouvre des perspectives bien au-delà des vulgaires (de vulgus, la foule) descentes à ski après usage de remontées mécaniques. Loin de moi l’idée d’oublier que c’est ce genre de dispositif qui a permis à beaucoup d’entre nous d’apprendre à skier.
Ce mystère maintenant éclairci, voilà quelle fût notre journée : un temps absolument superbe, je ne suis pas sûr que nous ayons aperçu un nuage pendant l’ascension, facile jusque 2300 m environ ; en effet, nous avons ensuite été confronté à l’accumulation de neige sous les skis, oui, ça botait nos efforts.
Si vous le voulez bien, nous pourrions revenir sur l’étymologie du terme sabotage, plus distinguée certainement que l’analogie du linguiste qui compare l’accumulation de neige sous le ski ou le crampon à la situation de la botte embourbée. En passant par la Lorraine avec mes sabots…Ni lys ni carre.
Reprenons, on passe à flanc de montagne sur une des pistes de la station, on remonte une combe (la routine mais quel plaisir à l’arrivée!), que surplombe la grande Chible dont les contreforts sud-est ont un air de Chartreuse. On se dévêt car il fait chaud, mais les conditions transitoirement agréables ont leur inconvénient ; la plupart utiliseront de l’anti-botte ; en patientant et en poursuivant l’ascension, on perd quelques degrés, en partie en raison du vent, et les skis se remettent à glisser sans peine.
Ces « péripéties » alimentent bien sûr les conversations mais contrairement à ce qui s’est peut être dit, Typhaine n’était probablement pas la plus bavarde, tout en battant avec coeur le djembé, alors que Paul, véritable chat botté, avait un débit intarissable, encadrant cette sortie de nombreux propos particulièrement intéressants au demeurant. En fait, chacun s’exprimait à sa mesure, fraternellement pour Catherine et Françoise, bien complice d’un Pierre plus que l’autre, Michel, Maxime et Thierry roulant tout autant que les précédents.
Juste sous le sommet, on aperçoit déjà les majestueuses aiguilles d’Arves et après avoir quitté les skis pour gravir les derniers mètres, ce sommet prometteur offre effectivement une vue merveilleuse. Le monarque est bien visible mais tel un vieux roi trop souvent loué et loin de son peuple, Le Mont Blanc semble jouer un rôle secondaire au profit des princes de l’Oisans, la Meije, la barre des Ecrins et les Pelvoux dépassant de la ligne de crête qui rejoint les sommets plus à l’est de l’aiguille de l’épaisseur. On aperçoit le grand pic de Rochebrune et le Mont Viso, la grande Casse et le mont Pourri...Bref le panorama est extraordinaire depuis ce belvédère que l’on apercevait d’ailleurs depuis la vallée avant d’arriver à St Jean de Maurienne.
La descente est initialement un peu raide mais la neige est de bonne qualité et nous profitons d’un replat clairsemé d’herbes non exposé au vent pour entamer ou finir un casse-croûte que certains avaient commencé à dévorer au sommet en attendant que le groupe soit complet. Le marquis de Karellis n’aurait pas signalé ce curieux savoir vivre…
De retour à Albanne, nous profitons d’une terrasse pour nous désaltérer et goûter encore un peu plus le soleil et les bons moments de cette superbe randonnée.
Sans le savoir a priori, on a finalement l’impression qu’il aurait manqué quelqu’un si nous n’avions pas été tous les neufs présents.
Cette merveilleuse sortie CAF en ski de randonnée efface toutes les sorties qui pourraient sembler nous avoir moins comblé quoique nous y préparant et nous donne une furieuse envie de repartir en montagne.





