Carnet de route

Objectif Sommeiller, la nuit au refuge d'Ambin

Le 22/04/2017 par Lambert Pierre

En haute-Maurienne, ce sommet y est sur la frontière franco-italienne et c'est en partant à pieds ou à skis de Bramans que nous espérions l'atteindre en deux jours. Philippe et Jean-Michel, encadrants, sont partis de la Tour du Pin avec Catherine et sont restés bloqués au moins vingt minutes à l'entrée du tunnel de l'Epine en raison d'un incendie de véhicule avant de pouvoir récupérer Bernard vers Chambéry. Vingt minutes, c'est le nom d'une feuille d'information mais aussi le délai d'attente que j'ai imposé sans prévenir à Luc, Bernadette et Patrice au départ de Saint-Priest, en retard notamment parce que je n'ai pas bien récupéré de la difficile garde de mercredi ; ce retard nous a permis après coup de sortir de l'autoroute avant d'être en bout tel liés par un pacte et chouant près de lac ôte vent de Yenne, village par lequel nous sommes passés, empruntant l'itinéraire du col de l'Epine, surplombant ce beau lac d'Aiguebellette ; nous imaginons alors de belles randonnées cyclistes grâce aux conseils de Luc.

Nous arrivons à destination à peine plus tard que l'autre équipage, dévorons les sandwiches, temps Dies Irae que nous souhaitons le plus bref possible, afin de louvoyer vers le refuge, sereins tels les oiseaux chantant le printemps. Comme annoncé par la gardienne, il nous faut déchausser à plusieurs reprises sur quelques mètres, trop heureux de ne pas endosser le portage des skis, en vie, sages et sûrs, une route suffisamment enneigée pour rattraper le peu de temps perdu qui nous a permis au contraire de divaguer en roulant, évoquant les glisses de l'hiver précédent ou avenir, c'est l'est.

Cheminant le long du ruisseau, nous apercevons rapidement au loin ce que nous croyons d'abord être la pointe d'Ambin alors qu'il s'agit du grand cordonnier qui resta longtemps seigneur des lieux, du moins jusqu'à ce que les nôtres nous permettent, le lendemain matin, de surplomber son sommet acéré. La montée au refuge est assez rapide, point besoin de pause, si bien que Patrice et Bernard proposent à l'arrivée de poursuivre sur les flancs du mont d’Ambin pendant que d'autres s'épargnent pour le lendemain ou bien vont découvrir le petit coin. Une vis de chaussure de Bernard ne bénéficie cependant pas du prestataire local et reste enfouie dans la couche tassée sur la terre, non retrouvée sur le bref parcours réalisé par cette paire battant de la semelle. Certains se désaltèrent au soleil qui disparaît trop vite du fait de l'orientation du vallon, le vent local devenant rapidement glacial ; Au bord du précipice, les toilettes sont une simple cabane style Louis XIV pour l'écoulement des humeurs, ce qui pose problème puisque le vent ascendant conserve le papier en suspension ; un bâton (une pique?) permet de contenir l'ascension des plus prétentieux puisque l'usage des urnes est prévu le lendemain ; la glace qui sanctuarise ces lieux permet finalement de contenir l'émotion qui en découle ; elle justifiera le lendemain matin le port du piolet puisque un candidat a manifestement raté sa campagne, un bon coup de pointe permettant de constituer un balai sur glace associant l'utile à l'alpe Grée-able.

La fin d'après-midi se passe dans la minuscule salle à manger réchauffée par un bel âtre bien qu'il s'agisse d'une gardienne ; jeune et récemment diplômée, elle vient de «Â reprendre » ce refuge et l'ouvre pour son deuxième week end, avec tout le mérite qu'on peut lui reconnaître en ces lieux rustiques ! Et les conversations d'aller bon train comme c'était déjà le cas en roulant, en racontant les bonnes sorties plus ou moins récentes et le raid Chamonix Zermatt auquel Patrice et Catherine vont participer ; Bernadette nous a notamment exposé les qualités du gardien du refuge Durier qui surveille la progression des alpinistes et n'hésite pas à les accompagner avant l'aube après avoir déjà fait une reconnaissance sérieuse témoignant ainsi de la valeur d'un tel diplôme. Une nouvelle tournée est améliorée par le partage d'un saucisson aimablement offert et porté par Philippe, ce qui n'empêche pas les convives de profiter d'un repas simple mais calorique, la traditionnelle soupe (pois cassé – lentilles ce soir là) ayant tout son succès (au chalet alpin d'Argentière, il n'y a pourtant pas de soupe l'été mais des crudités qui sont tout aussi réconfortantes après plusieurs jours de sandwiches et autres vivres de courses un peu lassantes) ; Luc est régulièrement obligé d'aller fermer la porte d'entrée que le vent ouvre quand elle a mal été fermée, ce qui nous fait aussi parfois regretter d'être peu vêtu dans l'ambiance chaude de cette cabane. Le dortoir est à l'image de la salle à manger, on s'entasse à presque dix sur les couchettes supérieures et étroites, certains méprisant d'emblée les couvertures, redoutant aussi que la porte en soit fermée. Effectivement, la nuit est chaude et j'apprécie finalement de me lever pour prendre un peu l'air et admirer un ciel étoilé comme on ne peut l'imaginer en plaine, les constellations les plus connues ne sont mêmes plus distinguables. En revenant, je heurte un ski très mal rangé et le vacarme de sa chute a du déranger Luc quoiqu'il en dise puisqu'il bougeait encore à mon arrivée, aucun autre membre du CAF Nord-Dauphiné témoignant d'un tel fracas au petit matin, je n'en reviens pas ; certains sous-estimaient sans doute le pouvoir du sonnet local, les somnifères faisant naître évidemment des talents de ronfleurs.

Une fois le petit déjeuner englouti, nous progressons sur presque deux kilomètres non ou peu pentus et regardons s'éloigner les deux autres groupes qui se dirigent vers le glacier d'Ambin pendant que nous commençons le contournement du grand cordonnier par l'ouest, les skis étant très vite équipés des couteaux. L'ambiance est à la fois majestueuse et silencieuse si l'on fait abstraction du frottement des peaux et la montagne est très belle en cette matinée encore fraîche et ensoleillée. Patrice fait encore plus de photos que la veille ; il nous les aura fait passer dès le lendemain ! Arrivés en haut d'un premier surplomb, la progression est à nouveau peu rentable en terme de dénivelée mais nous apercevons maintenant notre objectif, parfaitement réveillés maintenant. Pour accéder à la longue arête qui vient de l'est, nous remontons le glacier du sommeiller et lorsque la pente devient plus raide, il est suggéré de progresser en crampons, ce que tout le monde fera sauf le moins expérimenté, sans doute mis en confiance par le réapprentissage des conversions auquel vient de procéder un peu plus tôt Jean-Michel. Bernard a également déchaussé mais c'est pour essayer sa nouvelle paire, style Pierra Menta juste assez d'épaisseur pour finir la course, blocs avant et arrière étant reliés par une simple drisse : ils les gardera jusqu’au bout, ouais. Ce faisant, le groupe s'est un peu éparpillé d'autant qu'à l'arrivée sur la crête, le vent n'incite pas à s'arrêter ! Peu auparavant, la grande Casse et le dôme de Pramecou sont apparus et on distingue entre ces deux le Mont Blanc et plus à l'est, le versant italien des grandes Jorasses ; on aperçoit aussi le Mont Viso au sud-Est et c'est évidemment au sommet que la vue imprenable sur la Meije et les Ecrins nous comble de joie ; Luc arrive à installer l'appareil photo pour prendre une photo de tout le groupe grâce au retardateur (et au panneau indicateur en béton élevé à quelques mètres de la cime) ; la plaine du Pô est dans la brume. Il y a moins de vent à notre arrivée et nous profitons ainsi de cette journée de remise en question du président pour manger tranquillement avant d'entamer la descente (est-ce inversement la présence du commandant qui fait servir les repas une fois le vol en croisière amorcé? Il faudrait consulter son journal de bord).

La descente est initialement facile puisque la crête n'en a que le nom, son dos arrondit permettant de rejoindre tranquillement le passage qui nous mène ensuite au glacier d'Ambin dont les premiers mètres nous offrent une pente estimée à environ quarante degrés, l'appréhension des premiers virages étant vite surmontée. La neige est le plus souvent très agréable et Patrice nous propose comme d'habitude de nous filmer de front, son vœux n'étant pas exaucé puisque une petite partie ne l'a pas attendu pour dévaler. Le paysage et le temps restent superbes, et notre tranquillité préservée jusqu'aux abords du refuge. Le rythme paisible de notre progression nous permet cependant de partager un dernier moment ensemble à Bramans avant de regagner nos itinéraires routiers et bureaux de vote respectifs.

Week End superbe, temps, majesté et convivialité au rendez-vous, les passagers remercient...

Philippe bien sûr (et pas seulement pour le saucifflar), Jean-Michel mais tous les participants qui ont profité de cette bonne ambiance avec le CAF (n'oubliez pas le C pour... commandant).

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