Carnet de route
Du Grand Renaud au Grand Sorbier, dimanche 26 mars
Le 31/03/2017 par Lambert Pierre
Ca se voit vite d'un trait à la carte...
Avec un risque d'avalanche côté à 4 dans le nord ouest de l'Oisans, il n'était pas raisonnable de maintenir la montée au grand Renaud décalée au dimanche, l'ascension de Pointe Emy étant reportée puisque Bruno Houzet souffre encore de son genou. On n'aura pas non plus vu Patrice cette saison. Michel et Eric ont donc choisi comme objectif le grand Sorbiers, ce qui permettait aussi d'amortir le changement d'heure du fait du parcours routiers réduit.
Arrivés au pied de la piste Casse Rousse, en robe blanche en ce début de printemps, nous constatons que le parking est déjà bien rempli, les autres massifs étant moins praticables. Les gens Michel sont arrivés en ordre dispersé, l'un avec Philippe M qui transportait aussi Bernard et Bernadette, l'autre avec l'encadrant déjà cité. Ceux qui sont partis de la Tour du pin ont déjà entamés la randonnée et c'est à la Brèche Robert nord que les encadrant officiels accompagnés de Jean Louis, Agnès, Nicolas, Martial, Jean Michel et Pierre les rejoignent. Claire et Gilles, amis de Jean Louis s'étaient joints...à nous.
Pour cela, nous avons parcouru la partie inférieure de la piste de ski que nous quittons enfin après avoir néanmoins pu admirer la dent de Crolles et Chamechaude, très belles dans leur parure hivernale de fin de saison.
L'itinéraire est alors devenu forestier, très agréable entre les sapins recouverts de neige fraîche, puis clairsemé lorsque nous avons atteint le lac gelé des Pourettes, une trace de lièvre ou de rongeur l'affleurant. Cet endroit est une véritable révélation et bien que bon dernier, je n'ai pu résister à une prise de vue, regrettant évidemment de ne pas avoir mis l'appareil photo dans une poche de pantalon («Â tant pis je dirai à Eric que j'ai enlevé ma veste »), il me l'avait conseillé quelques minutes plus tôt.
Une fois la caravane au grand complet, composée principalement de skieurs expérimentés dont un bon quart d'encadrants officiels ou non, l'itinéraire devint celui de la Tournée (ou grand Eulier) même si nous pensions rester sobres et ne pas faire la trilogie complète. En cours d'ascension, une de mes peaux se décolle sans cesse ; le phénomène s'aggrave tant et si bien que le récit devient transitoirement plus personnel puisque je suis largement distancé, à tel point qu'un autre skieur me propose un scotch alors que Michel redescend chercher la belle brebis égarée et me lance de parcourir ce domaine à pieds ; j'obtempère mais après deux pas au cours desquels le pénitent s'enfonce jusqu'aux genoux, je préfère rechausser les skis en espérant que sur cette partie finale moins pentue, ma peau ne viendra pas se coincer sans arrêt sous l'autre ski, tel un lacet dénoué d'ivrogne titubant ; Eric m'attend de pied ferme, bien décidé à rattraper le temps perdu puisqu'il me fait l'a-peau-logie d'une dimension plus modeste que celle des skis ; comprenant mon émerveillement devant la grande lance de Domène, l'encadrant gérant les peaux devint bienveillant en m'accordant le temps d'une prise de vue et nous rejoignîmes sans plus tarder le reste du groupe par une pente qui devait bien être de 35°, dans une neige malheureusement un peu craquante, mais sans glaçon.
Le corps bot, honteux et confus, jura mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.
Agnès, membre du CAF Berjallien qui nous fait l'honneur d'apporter une touche féminine à cette sortie se propose de me dépanner, après avoir déjà fourni à l'un de nous des piles pour un DVA ayant chanté tout lesté; c'est évidemment le président qui impose sa vieille peau aussitôt montée sur le ski orphelin, pensant qu'elle sera bien rugueuse, ce qui contraste avec cet accueil généreux dont les derniers bienvenus au club bénéficient pleinement (inutile de donner sa langue au chat).
En attaquant les flancs du grand Sorbiers, plusieurs attaquent rapidement aux couteaux et c'est encore Agnès qui se fend plusieurs fois (ce court système a presque fait son temps) en bloquant le ski qui glisse régulièrement, après l'épisode des couteaux. Il fait maintenant bien chaud même dans cette partie nord-ouest à l'ombre des Van, en haut de laquelle le sommet pourtant prometteur se voile à notre arrivée, comme pour se distinguer de la sauvagerie des empreintes de nos piolets et crampons. On a juste le temps de s'accrocher au bas du ressaut final pour apercevoir l'Alpe du grand Serre.
La descente est particulièrement agréable et permet de se retrouver sur les bords des lacs Robert pour une halte tant consensuelle que plaisante, la fringale étant appétit grandissant.
Après être remontés au col des Lessines, certains s'offrent quelques mètres d'ascension supplémentaire en redescendant le vallon qui mène au col de la Botte avant de se retrouver non loin de la croix de Chamrousse, franchissant ainsi le seuil des 1600 mètres de dénivelée parcourue ; Philippe, Jean Louis et Jean Michel l'approchent cette fois pour en descendre l'étroit couloir ouest pendant que le reste du groupe termine en douceur par la piste qui nous semble pourtant presque destinée.
À St Marin d'Uriage, Eric avait son adresse, il est vrai remarquable, puisque nous étions inondés de soleil sur une place suffisamment calme et vaste pour lézarder, partager boissons et échanges divers au terme de cette belle journée de printemps, remplie d'une des dernières sorties de ski de randonnée de la saison.
Salut à tous
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