Carnet de route
Dans le massif des Lauzières, la combe de Bridan
Le 30/01/2016 par Lambert Pierre
Dans le massif des Lauzières, la combe de Bridan
Le récit sera peut être un peu naïf mais illustrera combien la montagne peut nous combler, même s'il ne faut pas faire preuve d'acrobatie ou d'une technique imparable. Ces montagnes sont situées trop près des autoroutes lorsqu'on regarde la carte mais elles n'ont peut être pas tant à envier à certains massifs qui ne sont pas forcément mieux isolés des inconvénients de notre monde moderne.
Ce n'était pas le programme prévu par l'encadrant en début de saison, le souvenir n'en demeure pas moins excellent ; en effet, le grand mont d'Arêches souffrant de mauvaises conditions nivologiques, Eric Angelier nous annonce à Diederich qu'il faut changer de massif ; cela m'évitera de poser la question de bouder le parcours en télésiège qui constituait le prolongement de notre convoi automobile ; convoi si on veut car le faible moteur de la petite peugeot noire n'a pas permis de toujours rester dans le peloton, une fois la vallée quittée ; un collègue en tête de l'ascension du col de la Madeleine aussi bien équipé que moi a involontairement permis à ses occupants de rattraper les deux voitures de notre groupe. Ne connaissant pas le point de départ de la randonnée, le seul nom du village de Celliers ne me laissait pas présager qu'il s'agissait bien d'un cul de sac routier en cette saison.
Grand beau pour le départ, les débutants dont je fais partie réalisent vite qu'on a pris trop de vêtements dans le sac à dos ; les oreilles risquent même d'en prendre un coup ! Comme me le confirme Bruno qui ferme « la marche », on voit déjà le Mont Pourri, c'est de bon augure (sans jeu de mot). Le CAF ND n'est pas seul présent sur les lieux, le début et la fin du parcours sont pour ainsi dire dammés. L'objectif n'est pas évident au premier coup d'oeil, tant mieux si la montagne ne se laisse pas trop vite découvrir. Quelques coulées de neige incitent Eric à nous rappeler l'intérêt de ne pas progresser à flanc de montagne mais plutôt dans le vallon lorsque c'est possible. Pas trop de conversions, une pente facile qui permet néanmoins d'être vraiment en montagne, notre groupe étant discret. Deux ou trois pauses ont suffit et les portes de Montmélian sont atteintes avant le « déjeuner ».
C'est un peu dommage ce nom quand on vient de Celliers, Montmélian pouvant être perçu comme une banlieue éloignée de Chambéry ; en revanche, le nom de porte a depuis la basse vallée tout son sens. Mais au lieu de regarder vers la caverne, Eric nous présente le merveilleux panorama qui s'offre à nous malgré l'altitude relativement modeste (2400 m et quelques) ; bon, le Mont Blanc, c'est plutôt normal, on ne s'en lasse pas mais on est plus enthousiaste à la vue du Cervin, du Combin, de la grande Casse et de ce merveilleux Pelvoux dont on comprend peut être alors qu'on a pu le considérer comme le sommet des Ecrins ! On aperçoit même l'Ailefroide. Il était temps de profiter de ce spectacle car le ciel commence à se couvrir. Le vent est conséquent mais c'est l'arrêt de l'effort qui nous donne froid alors que la température n'est pas si basse ; néanmoins, impossible de prendre une photo, les piles au lithium ne sont pas à la hauteur et il faudra redescendre d'au moins cinq cent mètres pour que l'appareil fonctionne ; peu importe, le grand angle ne rend pas les sensations de la perception humaine. Bruno qui veille toujours sur l'ensemble du groupe m'interrompt dans mon interminable contemplation, étant le dernier skieur à partir, alors que c'est ma première sortie avec le CAF. Comme il n'y a pas de neige fraîche, le début de la descente sollicite les cars sur cette neige tassée et durcie et nous nous arrêtons sur un surplomb face à la grande Casse pour quelque croûte. Il est temps de ressortir l'appareil qui cette fois veut bien nous sortir une maigre illustration de cette belle journée. Quelques rochers et buissons émergent du manteau neigeux, la descente touche à sa fin.
Les talents de l'encadrant « de tête » ne se limitent pas aux aspects techniques comme l'illustre sa connaissance du chalet où nous nous retrouvons pour partager nos dernières impressions et formuler nos vœux de prochaines sorties : « ils n'ont pas de pression ». Il faut dire que l'hôte prolonge déjà son activité professionnelle probablement au delà des limites habituelles ; l'établissement est cependant chaleureux et son caractère montagnard assez prononcé. Quelques habitués du CAF ND évoquent déjà avec Eric le raid au Mont Rose, une bonne sortie comme celle d'aujourd'hui a évidemment le mérite de nous inviter à monter toujours plus haut. Que l'on soit débutant ou non, on remercie encore les encadrants.
